Hel avait passé ce que l’ont appelle communément une sale journée. Ses voisins l’avait réveillés aux aurores en s’agonissant d’injures qui auraient pu faire rougir un routier. Fracassant en même temps la vaisselle, sans même ouvrir les yeux, elle avait attrapé le revolver qui se trouvait sur la chaise qui lui servait de table de chevet, et tira un coup dans le plafond, et hurla d’une voix rendu rauque par le sommeil un puissant :
-La ferme !
Elle avait, après quelques mois d’un rythme infernal, réussis à obtenir une matinée de congé qui s’était vu gaché par les querelles incessantes d’un couple de cinquantenaire qui ne se supportait même plus en photo. Lorsqu’elle se leva, tous ses muscles se rappelèrent à son bon souvenir. Le combat de la veille avait été rude, et elle portait une belle ecchymose sur l’arcade. Dans sa salle de bain, elle avait soigneusement évité de croiser son reflet dans le miroir fissuré accroché de travers au dessus du lavabo. En allumant l’eau, elle grogna et maudit son propriétaire jusqu’à la 36ème génération d’avoir une nouvelle fois coupé l’eau chaude. Sa douche fut glacé, et sa peau était presque bleu lorsqu’elle en sortie, grelottante, et folle de rage. Elle enfila comme chaque jour, un jean, et un haut qu’elle noua au dessus du nombril pour cacher les quelques gouttes de sang et de cambouis. Puis s’affala dans son vieux canapé défoncé pour s’abrutir devant son poste, qui refusa de s’allumer, après avoir appuyer sur tous les boutons de sa télécommande, et s’être cogné le tibia sur la table basse qui se trouvait sur le chemin menant à son poste. Elle jura, et, poussé par une impulsion, elle attrapa sa vieille télévision et la jeta par la fenêtre s’excusant mentalement auprès du chat errant qui venait sans doute d’avoir la plus belle peur de sa courte vie.
Finalement, elle préféra sortir avant que son humeur massacrante ne s’en prenne à d’autres éléments de son mobilier. En bas de chez elle, d’un bond elle sauta sur sa Ninja, faire une balade en moto la détendrait sûrement. Elle fit vrombir le moteur et retrouva le sourire, mais au moment même où elle allait démarrer, un vieil homme dégarnis et bedonnant se jeta devant le véhicule. Son propriétaire, l’exhortant à payer son loyer, elle serra les dents et lui lança la liasse de billet durement gagné la veille au soir. Une si grande somme, pour un pareil taudis, c’était du vol, mais personne ne voulait d’une fille de son genre dans les beaux quartiers. Hel avait enfin fut démarrer, s’engageant dans la ville, pour gagner le quartier industriel. Elle avait le temps avant d’aller travailler, mais elle avait envie de s’amuser dans les terrains vagues et autres entrepôts désaffectés. Elle passa faire le plein, et regagna la circulation, bouchée… tout le monde était à l’arrêt. Un accident, pas moyen de passer le barrage fait par la police et les secours. Le carnage occupait les deux voies de circulations, ce n’était que tôle froissée et chaire humaine broyé, alors que les parents cachaient les yeux curieux de leurs enfants. Hel, s’alluma une cigarette, elle eut le temps de vider la moitié de son paquet avant qu’enfin la circulation soit dégagé. Elle arriva finalement juste au travail, et en guise de salut elle grommela un :
-journée pourrie
Sur les nerfs toute la journée, elle manqua de tirer sur un client qui refusait de payer le prix exact des réparations. Le patron réussit à calmer le jeu, et elle s’en sortie avec un sévère avertissement. Vers 19 heures, le patron lâcha ses employés qui depuis une heure déjà, enchaînait les bières et les parties de poker devant l’absence de clientèle. Hel marmonna un « à d’main » avant d’enfin faire vrombir sa moto dans les quartiers industriels.